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Jocelyne : "je sors mon futon tous les soirs"
Jocelyne Derudder est encadreuse restauratrice de formation. Elle a aussi étudié au Japon, l'art du marouflage et montage traditionnel des kakemonos (1).
"C'est la pratique du zen, voici une quinzaine d'années, qui m'a attirée vers le Japon sur les pas de maître Dogen. Ce fut une grande révélation aussi bien pour la pratique que la vie au monastère où je suis retournée souvent. Et aussi l'art de vie, cette symbiose avec la divine nature. L'architecture, cette fameuse notion du vide et du plein, l'impermanence dans l'esprit, c'était là...
Quand j'ai decidé d'habiter ce studio, tout a fait classique, près de mon atelier, sa petite surface fut l'opportunité de travailler sur les volumes, les espaces et de réaliser une pièce japonaise. Utilisation des matériaux : bambou, tatamis, érable, cloison coulissante opaque, futon que l'on range le matin, ce qui libère l'espace, etc.
J'ai rencontré un menuisier amusé et intéressé par ce projet. Cette collaboration a demandé 3 mois pour les croquis et la réalisation. J'ai aussi aménagé le balcon qui était en béton avec des caillebotis, des bambous et des pierres que je rapporte de mes différents lieux de méditation. Quand je rentre le soir, cette odeur de tatamis me ramène au Japon où je suis toujours un peu!"
(1)
282 rue Saint-Jacques, 75005 Paris. Tel. 01 40 51 78 05
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Christine : "Chez moi, la table est au niveau du sol, comme au Japon."
Christine vit entre la France et le Japon. Elle est agent d'artistes et de photographes. Mais elle est également journaliste spécialisée dans les sujets sociaux-culturels et artistiques. "
Même si je ne sais pas faire la cuisine japonaise, j'aime utiliser la vaisselle traditionnelle. J'ai aussi adopté la façon japonaise de manger par terre. Chez moi, tout est installé au niveau du sol. Et quand je reçois des amis qui n'ont pas l'occasion de venir au Japon, je les invite à un véritable petit voyage en leur proposant un pique-nique japonais. Bien entendu, il est hors de question de se servir d'autre chose que de baguettes. Elles seules permettent de savourer délicatement les saveurs et la subtilité des aliments. L'art de la table au Japon est pour moi l'art de la simplicité et du raffinement dans la présentation. Généralement, j'harmonise toute ma table autour de deux couleurs : le bleu et le blanc. Elles s'adaptent parfaitement aux matériaux naturels comme le bambou, très utilisé au Japon. J'aime d'ailleurs beaucoup cette idée de poser au sol un plateau en bambou et d'y disposer les plats principaux. Ainsi, chacun se sert à sa convenance et à son rythme. J'aime aussi les plats en laque (urushi) car c'est une matière sobre, pure et élégante. Enfin, ce qui représenterait peut-être le mieux l'art de vivre au quotidien au Japon, c'est un objet tout simple que l'on appelle le tenugui. Il s'agit d'une bande étroite de tissu en coton sur laquelle est imprimé un motif coloré traditionnel. Tour à tour essuie-mains, torchon, ramasse-poussière
, le tenugui sert à tout faire dans la vie comme dans la maison au Japon. "
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Sachiko : "Le plus important, ce sont les détails qu'on ne voit pas"
Sachiko Hattori est directrice du Centre Culturel Franco-Japonais.
"Je voulais avoir une chambre japonaise dans ma maison de Paris et, au début, j'ai essayé de la faire construire par des charpentiers français, mais cela s'est révélé impossible. J'ai passé beaucoup de temps à discuter avec eux, à essayer de leur expliquer les détails qui font l'authenticité d'un espace vraiment japonais comme par exemple, le kamoi, une sorte de poutre apparemment inutile et pourtant significative, ou les yukimi-shoji |

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qui sont des cloisons coulissantes dont on soulève le bas , en hiver, pour regarder la neige, ou encore le tokonoma, qui est l'âme de la pièce et pas uniquement une niche destinée à recevoir des objets décoratifs. Pour moi, ce qui est le plus important, lorsqu'on décide d'aménager un espace japonais, c'est de respecter la pureté de l'esprit japonais : le seishin. Il n'était donc pas question que je m'accomode d'une décoration à la japonaise. Je voulais au contraire quelque chose d'authentique. Or, ce qui fait l'authenticité d'un lieu, ce sont les détails qu'on ne voit pas de l'extérieur, comme la technique de pose des planches au plafond sans clous, par exemple, ou le bois très travaillé du plafond du tokonoma, lieu sacré. Finalement j'ai demandé à un ami, architecte japonais de m'aider. Il est venu à Paris avec des charpentiers japonais et des bois choisis et mesurés à l'avance. Ainsi, j'ai pu créer mon lieu de méditation, ici à Paris." |
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